N° 1 d'une série de neuf
Cette brève est la première d’une série de 9 paru dans le journal (le Soleil Marseille) en juin 1937
Histoires de légionnaires
(1/9)
Introduction
Nous sommes en 1937.
Le journal « Le Soleil » faisait une série d’articles après une visite d’une journée au « village international de la Vède » -le nom de la rivière- avec les grognards de la Légion étrangère, dans l’intimité de ceux qui furent des héros : les soldats d’élite qui, des confins du Sahara aux déserts de Syrie et aux monts d’Indochine, ont fait preuve de l’héroïsme le plus pur et d’une fraternité d’armes remarquable, servant la France avec Honneur et Fidélité.
Alors que nous célébrons le 80è anniversaire de la création de cette Maison du légionnaire, appelée autrefois le « village international de la Vède », nous allons remettre en nos mémoires quelques belles figures de ces soldats valeureux qui, ayant terminé leurs temps sous les drapeaux, viennent achever leurs jours sur les bords de la Vède.
Le village a été inauguré le 8 juillet 1934 par le Général ROLLET, venu de TLEMCEN, alors qu’il était Inspecteur de la Légion étrangère. Les haies respiraient la beauté du cadre ; les frondaisons, la rivière apportent la fraîcheur, et il y a les cultures et l’élevage… En à peine six mois, le site est dans un ordre impeccable et mérite d’être cité en exemple.
La sueur ruisselle sur le visage du journaliste quand il sort de sa visite, à l’entrée du village. Il entend un ancien dire à ses camarades : « Il n’a pas fait son service à Marrakech celui-là ! ». Et oui, eux, ils ont vécu dans des postes en terre battue et sous des tôles… ils ont connu la soif dans le bled !
Le gérant vient à sa rencontre : Monsieur VAN DEN BOGAERTE a été choisi à l’unanimité par le groupe d’anciens légionnaires pour être l’administrateur de la Maison ; il cache son moignon dans sa poche. Sa main a été arrachée par une grenade, son oreille coupée par une balle… Des actions de bravoure en 1932-33 contre les dissidents du Haut-Atlas au Maroc…
C’est avec son grand cœur que le gérant parle de ses Anciens : la plus grande harmonie règne parmi eux… Ils travaillent, ils chantent comme les oiseaux dans l’arbre, sans souci, le corps et l’esprit libres, avec cette liberté qu’ils ont toujours chérie à l’ombre du drapeau tricolore. Ils sont heureux, ils vivent unis, la main dans la main.
Le village de la Vède est le tableau de cette entente internationale, presque parfaite. Ici, ni intrigues, ni querelles, ni jalousies. Ces hommes qui, avec héroïsme, fraternisèrent le fusil à la main sous les balles ennemies, se considèrent d’une même famille. Tous appartiennent à cette grande famille qu’est la Légion. Et la Légion pour eux, c’est la Patrie. Désormais, peu importe leur origine, ils savent simplement qu’ils ont fait don de leur vie et de leur cœur à la France, à la Légion.
Chaque ancien croisé, approché, fait preuve d’une exquise politesse : la casquette à la main, s’exprimant dans un Français vraiment correct. Une quinzaine de nationalités, toutes les puissances européennes y sont représentées…
… à suivre…